Angélique m'emmenait vers la carrière, suivant les autres chevaux. Ils avaient l'air tous mignons, sympa, mais ma cavalière a dit non à ma bouche. Alors, je suis resté près d'elle. Alors qu'on arrivait tout juste devant cette fameuse carrière, Jérôme à dit "Non, il va nous tomber dessus, on va aller dans le manège". Je n'étais pas hyper content de cette réflexion. Le manège, je n'aimais pas du tout, j'avais toujours l'impression d'être enfermé ! Mais quand on y entra, mon avis changea. Il était aussi grand qu'une carrière, spacieuse, plafond était haut, tout était aéré, éclairé, superbe. Angélique m'arrêta au milieu en file près des autres et commença à me tourner autour, à trifouiller avec les lanières de mes harnachements. Jérôme a parlé très fort dans un plot qu'on doit habituellement contourner, c'était tout rigolo ! "Réglez vos étriers pour du plat. Aujourd'hui, on va travailler sur quelques exercices de maniabilité avec des toutes petites barres. On teste aussi deux nouveaux chevaux, Princesse, la Welsh et Prince, le petit poney, là-bas. Donc faites attention avec eux, on ne connait pas encore leur caractère."

[euh par contre, galop 6, c'est bien plus que confirmés, comme cavaliers, c'est déjà un super niveau ^^]

Princesse. Et moi qui m'appelais Prince. Il me semblait qu'elle était une ponette de compétition, comme moi, mais qu'elle était très différente de moi. Niveau caractère, j'entends ! Les cavaliers commençaient par des exercices d'étirements, pour s'échauffer. J'avais déjà vu ça. Et je détestais. Comme j'avais particulièrement envie de le montrer, je me mettais à sautiller sur place. De plus, la présence de la ponette derrière moi m'agaçait. N'avait-elle jamais apprit que derrière Prince, on prenait ses distances ? Mais apparemment, elle n'avait pas l'habitude d'être en queue de file. Après tout, elle était la plus petite de la reprise. J'aimais bien ça, moi, être chiant avec tout le monde. C'était vu comme un défaut mais après tout, c'est quand on est comme ça que les gens s'attachent particulièrement à vous, que voulez-vous...
"C'est bon, vous pouvez commencer une détente individuelle aux deux mains, au pas et au trot !" D'un coup, les cavaliers et chevaux se séparèrent et partirent un peu partout dans le manège. Moi, du coup, je m'amusais bien et j'étais décidé à faire de cette reprise un vrai... Champ de bataille ! D'un coup, je partis au galop, tête en l'air. Ouille ! Angélique se mit direct en arrière et dit Non à ma bouche ! Zut, c'était de bons cavaliers. Combien ? Galop 5 ? Galop 6 ? Galop 7 ? En tout cas, c'était le même genre qui me montait en compétition.

[ah d'accord, je comprends mieux xD]

Tester mes cavaliers, c'était ce que j'aimais. Surtout quand ceux-ci ne m'avaient jamais vu avant, ils étaient moins sûrs d'eux. Et puis, cette reprise m'énervait particulièrement. On ne faisait pas sérieusement du dressage avec des exercices en individuels, pas d'obstacles. Très pénibles. De temps en temps, histoire d'inquiéter ma cavalière, je donnais quelques petits coups de cul, faisait des écarts où baissais la tête. Elle était une très bonne cavalière mais comme n'importe qui, je la sentais qui se tendait. Parfait. J'aimais bien faire peur au cavalier et les déposer par terre, comme ça, on me donnait aux meilleurs et je pouvais enfin travailler... Sérieusement. Dans mon ancien club, j'avais entretenu avec brio cette réputation de poney difficile. Oui, j'aimais.
Quand Jérôme donna une consigne, tous les cavaliers s'exécutèrent. Déplacements de hanches, et puis quoi encore ? Cela faisait drôlement longtemps que l'on ne m'avait pas fait bosser sur du plat. A vrai dire, j'en avais presque oublié à quel point c'était désagréable. Mon truc à moi, c'est le cross. C'était là que j'excellais, avant que l'on ne me mette... Et non, non, non, je n'avais aucune envie de faire ça ! Tant pis si je devais mettre Angélique par terre, elle avait l'air gentille mais moi, c'est non ! Je suis un poney têtu et capricieux, et alors ? Je sortis de la file de chevaux au galop, tête baissée, en faisant des sauts de mouton. Angélique tenait bien dessus. Mais comme depuis tout à l'heure, elle était déjà tendue, elle eu du mal à continuer à tirer et glissa par terre. Ouf, un poids en moins sur le dos ! Je vérifiais tout de même qu'elle ne s'était pas fait mal. Je n'étais pas un lâche, tout de même. comme elle se relevait tout de suite, je partais au grand trot, tête haute un peu partout dans la carrière. Pfff... Ils ne m'attraperont que quand je me serais défoulé, ça marche toujours !

Cette ponette, quelle pimbêche ! Tous les chevaux la regardaient. Moi, je m'en moquait pas mal. Après tout, son avis, j'en avait que faire. Les autres chevaux aussi, d'ailleurs. Ses remarques, elles me passaient entre les jambes sans jamais m'atteindre. J'étais comme ça, dur comme de la pierre, têtu, ronchon, difficile. Un poney de compet' comme il se doit, quoi !
"Non, j'ai absolument pas honte ! Et mon éducation, elle est certainement plus subtile que tu crois. Au moins, je n'insulte pas ceux que je n'ai jamais vu. Jamais je n'insulterai tes anciens cavaliers." J'avais ma fierté. Après ça, tous les chevaux me regardaient, moi. Attitude digne de chevaux habitués au club, juste spectateurs, en train de jongler entre les acteurs. Au fond, elle m'énervait, cette ponette, mais j'étais heureux qu'elle soit là. La vie de club, cela avait tendance à m'agacer, heureusement qu'il y avait des chevaux de compétition pour mettre de l'ambiance. Des chevaux qui ont du cran. Comme nous !
Je galopais de tous les côtés du manège, sans jamais m'arrêter. Comme quoi, ces séances d'endurances servaient à quelque chose. J'attendais juste que Jérôme commence à s'énerver pour qu'il me monte. Oui, j'aimais quand les moniteurs me montaient et me faisaient faire des choses-très-compliquées. Au moins, je ne m'ennuyais pas.
Ce moment arriva rapidement alors, je me laissais attraper facilement. Jérôme me prit fermement près du mors et monta d'un coup sur mon dos. Il commença alors à me faire galoper. Je pus enfin travailler comme il se doit. Je devais bien arrondir l'encolure et placer la tête sans m'encapuchonner, faire des cessions à la jambe et des changements de pieds au galop. Puis, il descendit et tendit les rênes à Angélique. "Tiens, il est pas facile, mais fais le beaucoup bosser, il ne doit pas rester sans rien faire. Surtout, fais le réagir par agir-céder, agir-céder. Ça ira. si il devient vraiment trop chiant, on trouvera une solution."

Ah, après cette petite mésaventure, j'étais désormais détendu, je m'étais défoulé... A souhait. Je me mettais donc comme me le demandait ma cavalière dans la file et fit un départ au galop au poil. C'était... Super. J'aimais vraiment galoper ainsi, cela m'étirait et j'avais bien besoin de bouger. Je lançais quelques sauts de mouton de joie, sans l'intention de refaire tomber Angélique. Je faisais souvent tomber des cavaliers, mais pas trop tout de même, je ne suis pas non plus sadique ! Je me mettais à rêver, la tête dans la lune. Jusqu'à ce qu'Angélique dise "arrête toi" à ma bouche : Je comprenais alors que tout était finit. Elle m'amena au milieu du manège avec les autres. Là, Jérôme donnait des consignes. "Pour un retour de vacances, on va pas faire grand chose d'autre. Vous allez juste les détendre au petit trot et au pas, rênes mi-longues."

A ce moment là, Angélique me remit sur la piste. Elle serra ses jambes contre mes flancs et je me mit au trot. Mais j'ai eu comme l'impression qu'elle ai oublié quelque chose... Ah oui, d'ajuster ses rênes ! Je ne comprenais pas trop mais bon, ça me permettait d'allonger mon nez.